RnD Café ☕️ – #410

8 novembre 2025

Au sommaire cette semaine

  • L’AGI pourrait arriver d’ici 2027 selon un rapport prospectif – la fenêtre de gouvernance se referme
  • Les publicités 100% IA surpassent les créations humaines de 19% (mais il ne faut surtout pas le dire)
  • Amazon bloque les agents IA pour protéger ses revenus publicitaires – la bataille du contrôle commence
  • Une chanteuse entièrement IA signe un contrat à 3 millions de dollars avec un label majeur
  • LinkedIn s’effondre: -47 % de reach organique en 7 mois, la plateforme change de paradigme

👉 À écouter et à voir. Version audio RnD Expresso et slides NotebookLM (toujours aussi efficace : 80 sources en 6 minutes)

RnD Café Version Expresso Vocal
Synthèse de la semaine

La fin du laboratoire ?

2027, c’est dans deux ans

Ce rapport d’il y a un an est remis sous les projecteurs : « Situational Awareness 2027« . Il pose cette hypothèse : nous pourrions disposer d’une Intelligence Artificielle Générale fonctionnelle d’ici 2027, une forme d’IA capable de comprendre, apprendre et résoudre des problèmes dans n’importe quel domaine, comme le ferait un être humain…

Dans vingt-quatre mois. 

Le mécanisme est simple et terriblement logique : une IA suffisamment performante accélère le développement de la génération suivante, qui accélère la suivante, créant une boucle de rétroaction non linéaire. L’agent N construit l’agent N+1 qui construit l’agent N+2. 

Helen Toner, ex-membre du conseil d’OpenAI, le dit sans détour : « Dénigrer cette discussion en la qualifiant de science-fiction est un manque total de sérieux. » (Explications en vidéo ici).
Et à la fin, c’est la Chine qui gagne selon Jensen Huang, PDG de Nvidia, (qui paie sa tournée à tous les clients d’un restaurant). Il a déclaré au Financial Times que « la Chine va gagner la course à l’IA« , citant ses coûts énergétiques plus bas et une réglementation moins contraignante comme des avantages stratégiques.

Quel rapport avec notre domaine ?

Le lien – pas encore complètement évident j’en conviens – c’est cette étude qui vient d’être publiée par des chercheurs tous spécialisés dans le domaine du marketing, de l’intelligence artificielle appliquée et de l’économie numérique.

Et que cela soit le patron de la stratégie de Google qui la partage n’est pas anodin.

En deux mots : les publicités créées de zéro par l’IA surpassent les créations humaines de 19% en taux de clic.
Pas « aident les créatifs ».
Pas « améliorent légèrement ».
Surpassent.

Ça me rappelle cette leçon amère de Rich Sutton (2019) redécouverte via la newsletter Jeff cet été. 

Quelle est-elle ? Chaque fois que l’on injecte notre expertise dans une IA, on la limiteLes vraies percées arrivent quand on la laisse apprendre par elle-même, sans nos biais ni nos traditions figées. C’est ce qu’a montré AlphaZero, capable de battre les meilleurs joueurs d’échecs et de go après s’être entraîné uniquement contre lui-même.

Coca-Cola a réduit cette année son équipe de production de 100 personnes à 5 pour produire sa campagne de Noël. Une chanteuse entièrement IA, Xania Monet, vient de signer un contrat à 3 millions de dollars avec un label majeur. Ses titres cumulent des millions d’écoutes. Et au début, personne n’a remarqué qu’elle n’existait pas. On développe tout cela plus bas.

Et pendant ce temps, LinkedIn perd 47% de reach organique en sept mois (portée de vos posts).

En recrutement, les lettres de motivation ne servent plus à rien – elles sont toutes générées par IA. Les recruteurs ne les lisent plus au grand dam des (rares) candidats qui ont peaufiné leur lettre.
Le marché du logiciel français révèle que 61 % des éditeurs utilisent la GenAI et 92 % équipent leurs équipes.

Ce n’est plus de l’expérimentation. C’est la norme.

Ce qui me frappe cette semaine, c’est d’abord un décalage, puis une responsabilité grandissante.

Un décalage

On parle encore de « tester l’IA », d' »expérimenter », de « voir ce que ça peut donner ». Mais pendant qu’on discute, l’économie se réorganise. Les plateformes se battent pour le contrôle. Amazon envoie des mises en demeure à Perplexity pour bloquer ses agents IA – parce qu’un agent qui achète pour nous ne voit pas les pubs. Les créateurs humains se font remplacer par des avatars. Les signaux qui permettaient d’évaluer les candidats deviennent obsolètes.

La vraie question n’est plus « est-ce que l’IA va transformer mon secteur ? »
Elle le fait. Les vraies questions, c’est : est-ce que nous avons adapté notre stratégie ? Est-ce que nous avons identifié où la valeur humaine est irremplaçable ? Est-ce que nous nous préparons à un monde où les agents IA achèteront pour nos clients, où nos contenus seront jugés par des algorithmes, où notre visibilité organique continuera de s’effondrer ?

Parce que le laboratoire, c’est fini.
Bienvenue dans la phase de production.

Une responsabilité

S’y plonger de manière éthique et responsable.

Plusieurs papiers sont sortis cette semaine (Wired, The New Yorker) sur la consommation énergétique. Ils sont objectivés et factuels.

Un data center dédié à l’IA peut consommer autant d’électricité qu’une grande ville comme Philadelphie. C’est l’un des constats d’une enquête du New Yorker sur l’infrastructure énergétique de l’IA. Si la consommation d’eau reste marginale par rapport à l’agriculture, la consommation électrique est le véritable défi. L’industrie est confrontée à un compromis entre l’efficacité opérationnelle (plus de puissance = meilleurs modèles) et l’impact carbone (plus de puissance = plus d’émissions). Les géants de la tech (Google, Microsoft, Amazon) investissent massivement dans les énergies renouvelables pour alimenter leurs data centers, mais la croissance de la demande dépasse la vitesse de transition énergétique. Résultat : une tension structurelle entre innovation IA et objectifs climatiques.

🔗 Lire l’enquête du New Yorker

L’effet Jevons joue à plein. La baisse du coût des modèles IA (divisé par 100 en deux ans) et l’augmentation des capacités (multipliées par 100) provoquent une explosion de la consommation et l’invention de nouveaux usages.

La chute du coût des modèles IA

Les marques, quand elles ont le choix, opteront-elles pour les modèles les plus frugaux ?

Et les équipes ?


Cet article pointe le risque d’auto-expérimentation de l’IA. Laisser chaque collaborateur découvrir l’IA par lui-même crée de l’incertitude, des risques de sécurité et des problèmes de collaboration. Cela mène également à des usages superficiels et non reproductibles. La solution : L’accompagnement doit être structuré via des pilotes, des formations, l’identification de « power users » et l’établissement de politiques claires. L’article conclut qu’il faut traiter l’IA comme un changement organisationnel concret plutôt que de laisser l’auto-expérimentation se propager.

Stop Making Your Team Figure Out AI on Their Own

Louis Graffeuil m’a appris ce qu’était l’effet Baumol : l’hyper-productivité dans certains secteurs (ex: support client automatisé) rend les secteurs non automatisables comparativement plus chers. La valeur humaine se concentre alors sur des compétences comme le jugement, la relation et la créativité.

Deux planches extraites du résumé vidéo des 80 sources de cette semaine proposées par NotebookLM qui posent les bonnes questions.

Bonne lecture et … bon match ce soir (🇫🇷 🏉 🇿🇦). On ne se refait pas !

IA et valeur humaine
Super-pouvoir présent chez tout le monde

Grand Sujet 1 — Quand l’IA devient plus efficace que les humains (et qu’il vaut mieux le cacher)

La semaine dernière, donc, cette étude relayée par le directeur de la stratégie de Google qui devrait faire trembler toutes les agences créatives du monde. 

Et le plus intéressant, ce n’est pas le résultat principal. C’est le résultat secondaire.

Voici ce que les chercheurs ont découvert en testant des milliers de publicités.

Les créations publicitaires générées entièrement par l’IA – de zéro, sans intervention humaine – surpassent les créations humaines traditionnelles de 19% en taux de clic. Mais attention : modifier une publicité existante avec l’IA réduit son efficacité.
Et mentionner dans la publicité qu’elle a été générée par IA fait chuter le taux de clic (CTR) de 31,5 %.


En clair : l’IA crée mieux que nous. Mais il ne faut surtout pas le dire !

Nous ne sommes plus dans l’ère de « l’IA qui assiste les créatifs ». Nous sommes dans l’ère de « l’IA qui crée mieux, à condition qu’on fasse semblant qu’elle n’existe pas ».
Le tabou n’est plus technologique. Il est social. Psychologique. Les consommateurs ne sont pas prêts à accepter qu’une machine comprenne mieux leurs désirs qu’un créatif humain. Alors on triche. On cache. On produit avec l’IA et on signe avec un nom humain ???!!! Beuââârk.

Et d’ailleurs première pub « AI inside » pour Google.

Première pub "AI inside" pour Google

On pourrait se dire « oui, mais l’AI Act va nous obliger à mentionner l’usage de l’IA » (août 2026). Oui sauf que Bruxelles parle de décaler sa mise en application « pour pouvoir clarifier et simplifier certains points » (vu chez Fred Cavazza) ou juste par pression des BigTech US ?

C’est un dilemme éthique important pour les marques. Soit on joue la transparence et il semble qu’on perde en efficacité. Soit on cache l’origine de la création et on triche avec nos clients.

Facile à dire de mon côté mais nous respecterons ici nos trois principes :

Si un processus utilise de l’IA Générative :

  1. toujours obliger une étape de validation humaine (« Human in the Loop »)
  2. documenter l’explicabilité du résultat
  3. signifier l’usage de l’IA

Channel 4, la chaîne britannique, a choisi la provocation : dans une émission spéciale intitulée « Will AI Take My Job? », le présentateur était entièrement généré par IA. La révélation à la fin était conçue pour alerter sur les risques liés à l’authenticité et la manipulation.

Vidéo IA par Channel 4

La production à coût marginal zéro

Revenons sur la production.
Regardons Coca-Cola et son évolution 2024-2025. Résultat : qualité améliorée (passage à des personnages animaux pour éviter l’uncanny valley-> vallée dérangeante qui désigne le malaise ressenti lorsqu’un robot ou un personnage numérique est presque humain… mais pas tout à fait, ce qui le rend troublant ou inquiétant.), équipe de production réduite de 100 à 5 personnes, production réalisée en 30 jours environ.

Voici donc une campagne mondiale produite par cinq personnes en un mois.

Pub Coca-Cola

Ailleurs, des workflows créatifs combinant ChatGPT, Imagen 4, Kling 2.5 et ElevenLabs permettent de créer des génériques animés ou des campagnes d’affichage multi-villes (voir les exemples rapportés par Gilles Guerraz et Caroline Thireau) pour moins de 100 dollars : Freepik Spaces, Figma qui rachète Weavy.

Prompt de workflows créatifs

Des outils comme HeyGen produisent des vidéos longues (60-90 secondes) de type « User Generated Content » avec des avatars, éliminant le besoin de tournage ET les créateurs humains. Et fabriquer un VLOG (Vidéo BLOG) à partir de rien ne devient pas si hors de portée.

Vidéos longues avec HeyGen

Et rajeunir un acteur ? Merci Seedream.

Rajeunir un acteur avec Seedream

Le coût marginal de production visuelle et sonore est en train de tendre vers zéro. Ce qui était un avantage compétitif – avoir les moyens de produire une campagne mondiale – devient une commodité accessible à n’importe quelle startup avec 100 dollars et quelques modèles d’IA générative.

Les artistes synthétiques arrivent

Xania Monet n’existe pas. Pourtant, elle vient de signer un contrat à 3 millions de dollars avec le label Hallwood Medias. Sa voix, sa musique, tout est généré par Suno, une plateforme d’IA musicale. Ses titres cumulent des millions d’écoutes sur Spotify. Les majors accusent Suno d’avoir utilisé leurs catalogues pour l’entraînement – un conflit de droits d’auteur qui souligne un problème plus large : si l’IA crée des artistes indiscernables des humains, qui possède cette création ? Qui touche les royalties ? Qui est responsable ? Pour Xania Monet, est-ce Telisha Jones cette entrepreneuse US de 31 ans qui a créé le personnage ?

Universal Music Group a tranché avec Udio, une autre plateforme : un accord établit que toute utilisation de leur catalogue pour entraîner ou remixer par IA nécessite autorisation et rémunération. C’est un premier cadre. Mais il ne résout pas le problème de Xania Monet : une artiste entièrement synthétique, sans catalogue source identifiable, sans humain derrière mais aux 127 cré000 abonnés sur Instagram !


Grand Sujet 2 — La bataille pour le contrôle : agents IA contre plateformes

Amazon a envoyé une mise en demeure à Perplexity. Pas pour vol de propriété intellectuelle. Pas pour violation de brevets. Pour avoir créé un agent IA – « Comet » – capable d’acheter à la place de l’utilisateur sur Amazon. 

L’accusation ?

Perplexity enfreindrait les conditions d’utilisation d’Amazon en automatisant la navigation.

La vraie raison ?

Un agent qui achète directement ne voit pas les publicités.

En clair : Amazon protège son modèle publicitaire. Et pour ça, il est prêt à bloquer des outils qui améliorent objectivement l’expérience utilisateur. Ce n’est pas un détail technique. 

La réponse de Perplexity est intéressante.

Face aux pressions d’Amazon, Perplexity a défini trois principes non négociables pour les agents utilisateurs :

  1. Privés : Les agents doivent être indiscernables de l’utilisateur humain, agissant avec ses permissions exactes. Aucune plateforme ne devrait pouvoir bloquer un agent qui se comporte exactement comme son propriétaire.
  2. Personnels : Les agents travaillent exclusivement pour l’utilisateur, pas pour une plateforme tierce. Pas de publicité injectée. Pas d’upselling caché. Pas de commission sur les achats.
  3. Puissants : Les agents doivent pouvoir effectuer toute tâche pertinente pour l’utilisateur – y compris acheter, comparer, négocier – sans limitation artificielle imposée par les plateformes.

De l’économie de l’attention à l’économie de l’intention

Pendant des années, le web a fonctionné selon un modèle simple : on donne notre attention, les plateformes la monétisent. Facebook, Google, Amazon nous montrent des pubs. Leur intérêt : que l’on reste le plus longtemps possible sur leurs plateformes. Que l’on scrolle. Que l’on clique. Que l’on voie des annonces.

Les agents IA cassent ce modèle. Un agent n’a pas d’attention à donner. Il ne scrolle pas. Il cherche, compare, achète. En quelques secondes. Sans voir une seule pub.

Tim Berners-Lee, l’inventeur du web, porte un projet depuis des années pour contrer ce qu’il appelle « l’économie de l’attention ». Il s’appelle Solid. Le principe : chaque utilisateur contrôle ses données dans un « pod » personnel et accorde des accès révocables aux services qu’il souhaite utiliser. Une étude a montré que l’utilisation d’un Solid pod augmente significativement la perception de transparence et de contrôle des utilisateurs. Où l’on reparle de la blockchain et des NFT (mais c’est une autre histoire)…

L’idée centrale ? Passer d’une « économie de l’attention » à une « économie de l’intention » où les outils technologiques travaillent pour nous, pas contre nous.

« The challenge is to turn our online attention economy… into an intention economy that serves the individual’s needs and preserves their privacy.« 

Le Danemark suit cette piste en proposant de protéger la voix et le visage par le droit d’auteur contre les deepfakes.

Le Danemark propose une loi inédite : protéger la voix, le visage et l’apparence des citoyens par le droit d’auteur pour lutter contre les deepfakes. La durée de protection serait de 70 ans post-mortem, comme pour les œuvres artistiques classiques. L’objectif : empêcher l’utilisation non autorisée de l’image ou de la voix d’une personne par des IA génératives. Si cette loi passe, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres pays européens et créer un précédent juridique mondial. Pour les plateformes d’IA (HeyGen, ElevenLabs, etc.), cela signifie des contraintes légales accrues. Pour les individus, c’est une protection nouvelle contre les usurpations d’identité numériques.

🔗 Lire la proposition danoise

Le recrutement : un signal faible de la perte de contrôle

Un exemple concret de cette bataille pour le contrôle se joue dans le recrutement. Une étude conjointe Princeton-Dartmouth révèle un phénomène troublant : l’usage de l’IA pour rédiger les lettres de motivation réduit de 19% les embauches de candidats qualifiés et augmente de 14% celles des moins compétents.

Pourquoi ? Parce que l’IA standardise les candidatures. Les recruteurs, face à des lettres toutes générées par IA, ne peuvent plus distinguer les vrais talents.

Comme le souligne Ethan Mollick : « Puisqu’elles peuvent être rédigées par une IA, les lettres de motivation n’ont plus aucune valeur. Cela nuit aux candidats les plus compétents qui, auparavant, pouvaient décrocher un emploi grâce à une excellente lettre. »

C’est un exemple parfait de la perte de contrôle : un signal traditionnel (la lettre de motivation) devient obsolète du jour au lendemain parce qu’une technologie le rend reproductible à l’infini. Les candidats qualifiés perdent leur avantage compétitif. Les recruteurs perdent leur capacité de discernement. Tout le monde perd le contrôle du processus. Super !

En résumé

La bataille entre agents IA et plateformes est une bataille pour le futur du web. D’un côté, des projets comme Solid et d’autres (DSNP) promettent un internet décentralisé où l’on contrôle nos données. De l’autre, les géants comme Amazon défendent leur modèle publicitaire en bloquant les agents qui menacent leurs revenus.

Entre les deux : l’utilisateur, qui doit choisir à qui faire confiance pour gérer ses intentions.

Et donc ?

  • Se préparer à un web sans visibilité organique : si Amazon bloque les agents, d’autres suivront. La publicité deviendra le seul levier de visibilité sur les grandes plateformes ! Ou alors, une autre voie : l’autorité, le branding, l’incarnation, l’authenticité. Ne nous voilons pas la face, c’est la face nord…
  • Repenser les signaux de recrutement : les lettres de motivation sont mortes. Quels autres signaux (portfolio, tests pratiques, recommandations) permettent encore de différencier les talents ?

Grand Sujet 3 — LinkedIn s’effondre et le SEO devient GEO

-47% de reach organique en sept mois. 

Voilà le chiffre qui résume l’état de LinkedIn en 2025. Une étude de Richard van der Blom, spécialiste de la plateforme, montre un effondrement généralisé des performances organiques entre février et septembre 2025 (vu chez François Boulard)

Les chiffres sont brutaux.
Reach moyen des profils : -47%.
Engagement global : -39%.
Croissance des abonnés : -42%.
Les pages entreprises ne s’en sortent pas mieux : leur reach est tombé à 1,6% (contre 2% auparavant). Quant aux formats, la vidéo perd 35%, les sondages 70%, seuls les documents gagnent 7%.

Dit autrement : LinkedIn a décidé de tuer la visibilité organique. Ce n’est pas une fluctuation d’algorithme. Vous avez probablement du voir apparaître désormais la possibilité de sponsoriser votre dernier post personnel…

Pourquoi cet effondrement ?

LinkedIn suit la trajectoire de Facebook il y a dix ans. Construire une audience massive sur la plateforme. Puis réduire progressivement la visibilité organique pour forcer les créateurs et les entreprises à payer. C’est le modèle « reach and switch » : d’abord, on donne de la visibilité gratuite pour vous attirer. Ensuite, on la retire pour forcer à acheter de la publicité.

Le problème ? LinkedIn était devenu, ces dernières années, une plateforme de contenu puissante pour le B2B. Les créateurs y construisaient des audiences de dizaines de milliers d’abonnés. Les entreprises y généraient des leads qualifiés. Les consultants y trouvaient des clients. Tout ça gratuitement.

Aujourd’hui, ça sent le sapin… Pour toucher votre audience sur LinkedIn, il faudra payer. Et si on ne paye pas, votre contenu ne sera vu que par une fraction de vos abonnés.

Le SEO devient GEO : on en parle chaque semaine

Pendant que LinkedIn s’effondre, une autre révolution se produit : le SEO (Search Engine Optimization) devient GEO (Generative Engine Optimization)Jérémy Lacoste, CEO d’Eskimoz, le confirme : « Le contenu généré par IA est devenu une exigence client. Et le search est désormais multimodal. »

Aujourd’hui, on doit optimiser pour apparaître dans les réponses générées par ChatGPT, Perplexity, Google Gemini, et toutes les autres IA génératives.

La différence est fondamentale. Le SEO classique repose sur des mots-clés, des backlinks, de la vitesse de chargement. Le GEO repose sur la qualité de l’information, la structuration sémantique, la présence sur toutes les plateformes où une IA pourrait vous mentionner (médias, forums, réseaux sociaux, bases de connaissances).

Mais finalement, on appelle cela le Branding non ? Les valeurs de la marque présentes dans tout son écosystème… Rien de nouveau donc ?

Cas concret : La startup GEO LoreLight AI a fermé après seulement sept mois. Leur constat ? Le GEO n’est pas un marché autonome. C’est une fonctionnalité. L’IA récompense avant tout les fondamentaux du SEO et du brand-building. Autrement dit : si la marque est forte, si le contenu est pertinent, si sa présence en ligne est solide, elle sera cité par les IA. Sinon, elle n’existera pas. (Vu chez David Bonnamour)

La fin de la visibilité organique gratuite

Il faut regarder les choses en face. La visibilité organique gratuite est en train de disparaître partout. LinkedIn, Facebook, Instagram, TikTok – toutes les plateformes suivent la même trajectoire. On construit une audience. Puis on nous force à payer pour la toucher.


Dans le même temps, Google évolue vers un modèle où les IA génératives répondent directement aux questions des utilisateurs sans renvoyer vers les sites sources. Google AI Overviews commencerait à être déployée en France sur mobile. Des premiers témoignages remontent.


Bref, si notre site n’apparaît pas dans les réponses générées, on n’existe plus. Si la marque n’est jamais citée par les IA, elle est invisible.


On fait quoi ?


A court terme
Arrêter d’investir du temps sur LinkedIn sans budget publicitaire : avec -47% de reach, publier organiquement sur LinkedIn devient un investissement à ROI décroissant.
Investir dans le paid si on veut continuer à exister sur les plateformes sociales. C’est la nouvelle norme, autant l’accepter et budgéter en conséquence.


A moyen TermeRenforcer la puissance de la marque (mais il faut démarrer tout de suite si ce n’est pas le cas)
Passer du SEO au GEO : optimiser la présence pour être cité par les IA génératives (structurer les contenus en questions-réponses, travailler la présence sur les forums, renforcer la marque).
Diversifier les canaux : ne plus tout miser sur une seule plateforme. Newsletter, communauté propriétaire, SEO/GEO, plusieurs réseaux – la visibilité organique ne reviendra pas, alors on renforce plusieurs sources de trafic.


Brèves et Tips de la semaine – La sélection RnD Café

Sonic3 : une nouvelle voix de synthèse pour défier ElevenLabs

Quatre doctorants de Stanford ont levé 100 millions de dollars pour lancer Sonic3, un concurrent direct d’ElevenLabs. La promesse : des voix de synthèse encore plus naturelles, avec une latence réduite et un meilleur contrôle émotionnel. Pour les créateurs de contenu, les agences et les éditeurs, c’est une bonne nouvelle : la concurrence fait baisser les prix et améliore la qualité. Testez, c’est puissant.

🔗 Découvrir Sonic3

Better Prompts : arrêter de dire « résume ça » à ChatGPT

Ruben Hassid partage une méthode simple pour améliorer la qualité des prompts. Au lieu de dire « résume ce document », essayez : « Extrais les 5 idées principales de ce document et explique pourquoi elles sont importantes pour [contexte précis] ». La différence ? Donner un cadre et un objectif. ChatGPT ne devine plus ce que vous voulez. Il produit exactement ce dont vous avez besoin. Autre astuce : demande à ChatGPT d’être brutal et honnête. Résultat : des feedbacks plus utiles, moins de flatterie inutile.

🔗 Voir les conseils de Ruben

Éthique de l’écriture avec l’IA : le guide de Benoît Raphaël

Benoît Raphaël, expert en IA et journalisme, vient de publier un guide complet sur l’utilisation éthique de l’IA générative pour l’écriture. Son message : l’IA n’est pas là pour remplacer les journalistes ou les rédacteurs, mais pour les augmenter. Il propose des règles simples : toujours vérifier les faits générés par l’IA, toujours citer les sources, toujours relire et éditer le contenu final. Un guide indispensable si vous utilisez ChatGPT, Claude ou autre pour produire du contenu professionnel.

🔗 Lire le guide de Benoit Raphael

Pantone Palette Generator : des palettes couleurs par IA

Pantone vient de lancer un générateur de palettes couleurs propulsé par l’IA. Vous entrez une image, une photo, ou même un simple mot-clé, et l’outil génère une palette harmonieuse. Idéal pour les designers, les marketeurs, ou toute personne qui doit créer des visuels cohérents rapidement. La qualité des palettes est excellente et ça fonctionne directement dans le navigateur.

🔗 Essayer le Pantone Palette Generator


Les deux créations IA de la semaine (vues sur Générative)

Simon Meyer a produit un film remarquable sur la solitude.

Film sur la solitude de Simon Meyer

ai am a jedi a sorti ce mashup Michael Jackson vs Star Wars qui cumule près de 400000 vues en quelques jours. Malgré un souci évident de propriété intellectuelle, ça cartonne.

Mashup Michael Jackson vs Star Wars

☕ Un café en vrai ?

Vous voulez comprendre comment les agents IA vont redessiner nos parcours digitaux et ce que cela implique pour vos offres ?

Vous vous demandez comment rester visible à l’ère des réponses générées par l’IA, quand le SEO se transforme en AIO ?

Vous cherchez à réduire l’écart d’adoption de l’IA dans vos équipes et à transformer l’expérimentation en performance réelle ?

Autant de sujets qu’on adore explorer chez RnD. 

Alors, pourquoi ne pas en parler autour d’un café (virtuel ou réel) ?

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