RnD Café ☕️ – #412

22 novembre 2025

Au sommaire cette semaine

  • Google frappe fort avec Gemini 3 (n°1 mondial du « raisonnement ») et Nano Banana Pro (images + texte lisible).
  • L’industrialisation créative s’accélère : deux pubs Qatar Airways produites en 15h de vol, Panasonic mobilise 37 outils IA pour une campagne.
  • Le SEO classique vacille : moins de 1% de clics depuis les réponses IA, place au GEO et à la marque comme rempart. 
  • L’Europe bouge enfin : sommet franco-allemand, création de l’alliance ESTIA, E.Macron qualifie TikTok d' »arme cognitive ».

En résumé : on passe de l’assistance à l’autonomie déléguée. La valeur migre de l’exécution vers l’orchestration.

👉 À écouter et à voir. Version audio RnD Expresso et slides NotebookLM (toujours aussi efficace). À noter que NotebookLM continue d’avancer (souvenez-vous que c’est Google derrière) et a lancé cette semaine la génération d’infographies et de slides. Vraiment impressionnant.

RnD Café Version Expresso Vocal
Synthèse de la semaine

Devenez chef d’orchestre numérique

La Fin de l’Assistance, le Début de l’Autonomie

« Incroyable », « Le match est plié », « Hallucinant », « Quelle claque ! »,  » Du jamais‑vu ! « , etc… etc…


Cette semaine fut à nouveau l’une des semaines dont l’IA a le secret…


On en a vu passer des semaines comme ça depuis le 30 novembre 2022… (date de lancement de ChatGPT). 3 ans déjà !

Alors évidemment quand toutes les annonces de la semaine tombent, on se dit « humm », on va d’abord tester avant de s’extasier.

Et bien, vous l’aurez compris… je dois l’admettre, cette semaine n’est pas tout à fait comme les autres…


Ce n’était pas de « simples mise à jour logicielles » ou l’annonce de nouveaux modèles un peu plus performants. C’était un changement de phase. Le sentiment palpable que l’IA n’est plus un assistant que l’on sollicite, mais un « collaborateur numérique » qui prend des initiatives. Un agent autonome qui ne se contente plus d’exécuter, mais qui orchestre.

Mais encore ?

Tout vient des annonces de Google cette semaine qui ont frappé les esprits avec plusieurs annonces qui feront date. Le roi Google est de retour…

L’offensive de Google cette semaine avec Gemini 3 qui apporte du « deep think » et son générateur d’images NanoBanana Pro qui permet du contrôle fin. 

C’est l’incarnation de cette nouvelle phase. Ces outils ne sont pas conçus pour simplement « aider ». Ils sont conçus pour « raisonner », planifier, critiquer leur propre travail et automatiser des tâches complexes du début à la fin. 

Quand une IA peut transformer un croquis sur une serviette en papier en une application fonctionnelle, nous ne sommes plus dans l’assistance. Nous sommes dans l’autonomie déléguée.

L’autre signal frappant n’est pas venu d’un laboratoire de recherche, mais d’un vol commercial entre Doha et Atlanta. À bord, deux créatifs ont produit deux spots publicitaires complets pour Qatar Airways en seulement 15 heures. 

Relisez cette phrase. Pas des concepts. Pas des storyboards. Des publicités finalisées, avec animation vidéo et bande-son. Ce cas, que nous détaillons plus bas, n’est pas une anecdote. Il démontre que des workflows complexes, mobilisant une chaîne d’outils hétérogènes (de Figma à Veo en passant par Suno), peuvent être exécutés à une vitesse et avec une efficacité qui étaient impensables il y a encore six mois.

Ils ne sont pas les seuls : Panasonic Europe qui produit une campagne complète avec 37 outils d’IA et 10 LoRAs.

Et donc ?

La question n’est plus « Comment utiliser ces outils pour être plus productif ? ». La question est devenue : « Comment réorganiser nos chaînes de valeur maintenant que la production de certains biens immatériels tend vers un coût marginal nul et une vitesse d’exécution quasi instantanée ? ».

C’est passionnant et forcément un peu vertigineux.
Pour beaucoup, c’est une menace directe sur leur métier, et il ne faut pas le nier. Pour d’autres, c’est l’opportunité de s’élever d’un rôle d’exécutant à celui de stratège, de chef d’orchestre.

Mais comme le souligne Cyrille de Lasteyrie :
Si des profils littéraires comme moi peuvent désormais se passer de compétences techniques, c’est peut-être la fin d’un monde… ou plutôt le début d’un autre. Un monde où littéraires et scientifiques peuvent enfin collaborer à égalité. Einstein et Hugo dans la même équipe : et si c’était, en fait, une excellente nouvelle 

Photo avec Einstein et Hugo

Gilles Guerraz enfonce le clou :
Aura t-on toujours besoin d’apprendre ? Ou suffira t-il d’avoir des « bonnes idées » ?

Cette autonomie s’infiltre partout.

Elle redéfinit la manière dont on assure sa visibilité en ligne, où le trafic direct s’effondre au profit d’une présence dans des réponses synthétiques. Elle force l’Europe à se poser enfin les bonnes questions sur sa souveraineté, car la dépendance à ces agents autonomes est une dépendance stratégique majeure.

En clair : nous entrons dans l’ère de l’orchestration. Le savoir-faire ne réside plus seulement dans la maîtrise d’un outil spécifique, mais dans la capacité à concevoir, superviser et valider le travail de systèmes d’IA de plus en plus autonomes. La valeur se déplace de la production à la direction artistique, au jugement critique et à la vision stratégique.

Objectivement, c’est à la fois quelque peu angoissant mais tellement exaltant.

Il y a un monde à imaginer et des risques à contourner.

Mais il y a une chose qui est peut-être encore plus déconcertante, c’est que aussi impressionnante soit cette exponentialité des avancées, elle est en fait tout à fait régulière. C’est Ethan Mollick (toujours lui), professeur à Wharton, qui m’a ouvert les yeux sur ce point…
Les fondamentaux de l’IA restent étonnamment stables : les capacités doublent tous les six mois, avec un décalage de huit mois pour l’open source — et rien n’indique que ça va changer.

Et c’est ce que nous allons décortiquer ensemble cette semaine.

Graphique IA

GRAND SUJET 1 : Le roi Google

Il est loin le temps (avril 2023) où la communauté (et les salariés) se gaussaient du chatbot de Google : Bard


Cette semaine, l’entreprise a déclenché une offensive stratégique sur deux fronts qui non seulement la replace au centre du jeu, mais redéfinit les standards de performance pour l’ensemble de l’industrie de l’IA.

Avec Gemini 3 et le modèle de génération d’images Nano Banana Pro, Google impose ses règles et sa technologie à un rythme effréné, en l’intégrant directement au cœur de son écosystème qui touche des milliards d’utilisateurs

A noter dans un coin, que pour en arriver là, Google a travaillé sur ses propres puces (TPU), pas uniquement celles de Nvidia qui a encore annoncé des résultats stratosphériques. Mais Google commercialisera-t-il ses propres puces ?

En rendant ces outils massivement accessibles, Google force toute la concurrence à réagir et change la nature même des applications que nous pouvons construire. A lire ici.

Gemini 3 : le retour du roi du raisonnement

Présenté comme le modèle le plus intelligent jamais conçu par l’entreprise, Gemini 3 a immédiatement pris la tête du classement de référence LMArena avec un score Elo de 1501, écrasant les concurrents. 

Mais, au-delà des benchmarks, ce sont ses capacités qui impressionnent.

  • Le « Deep Think » : Le modèle ne se contente plus de répondre instantanément. Pour des questions complexes, il active un mode de raisonnement profond où il planifie, décompose le problème, critique ses propres ébauches de solution et les affine avant de livrer une réponse finale. Cela lui permet de résoudre des problèmes qui mettaient en échec les générations précédentes.
  • Le « Vibe Coding » : La génération de code atteint un nouveau palier d’abstraction. Vous pouvez lui soumettre une idée, un simple croquis sur une serviette de table (« napkin sketch »), ou une photo, et Gemini 3 génère le code fonctionnel correspondant. Les démonstrations montrent la création d’un site web complet ou d’un globe 3D interactif à partir d’une simple intention.

    Regardez l’exemple de cette application codée avec ce prompt : « An interactive 3D globe where you can listen to radio stations from around the world. » Mettez le son ! 

    Ou cet outil pour générer plusieurs angle de vues à partir d’une image.
Globe 3D avec Gemini 3
Gemini 3
  • Multimodalité avancée : L’analyse de vidéo, d’audio ou de documents scannés atteint une précision redoutable. Le modèle peut, par exemple, analyser une vidéo d’un match de football et fournir des recommandations tactiques contextualisées.

Gemini 3 n’est plus un simple générateur de texte, c’est un moteur de « raisonnement » (gardons les guillemets) et d’action. Sa force réside dans son intégration à la nouvelle plateforme Google Antigravity, conçue pour construire et orchestrer des agents IA autonomes. A tester ici.

Nano Banana Pro : la génération d’image passe un cap critique

Parallèlement, Google a lancé « imagen-nanobanana-2 », ou Nano Banana Pro, un modèle de génération d’images qui surclasse la concurrence sur plusieurs points cruciaux pour un usage professionnel. 

Les tests montrent une qualité d’image impressionnante (jusqu’en 2K/4K) et, surtout, un contrôle créatif très fin : angles de caméra, mise au point, éclairage, étalonnage…

Comme le souligne Benoit Raphael, son atout majeur est sa capacité à générer des infographies complexes et des présentations en respectant le texte, là où les autres modèles échouent encore souvent.

Déjà disponible dans Google AI Studio et en intégration dans Figma, Photoshop et la plateforme Freepik, son adoption par les créatifs s’annonce massive et immédiate.

A lire/voir chez Generative. Comment faire des infographies loufoques ou plus sérieuses, des carrousels ?

Mise en perspective

L’offensive de Google est brillante car elle joue sur deux tableaux. 

D’un côté, une avancée technologique brute avec des modèles qui établissent de nouveaux records. 

De l’autre, une intégration massive et immédiate dans ses produits existants (Search, Gmail, Docs, Android), créant un effet de plateforme sans équivalent. Google ne vend pas seulement un modèle, il infuse l’IA la plus avancée dans les outils que des milliards de personnes utilisent chaque jour. 

Cette stratégie rend la concurrence presque inaudible pour le grand public et force les entreprises à s’adapter à l’écosystème Google pour rester pertinentes.

Mais comme d’habitude, la vigilance reste de mise. 

D’après Malwarebytes, Gmail analyse désormais vos e-mails et pièces jointes pour entraîner ses modèles d’IA, sauf si vous désactivez cette option. Donc par défaut, Google active cette collecte pour améliorer des fonctions comme la rédaction assistée ou les réponses automatiques, sans consentement explicite. Eh oui ! (mode d’emploi pour désactiver cela dans l’article 👆). Vu chez Julien Metayer.


GRAND SUJET 2 : De l’Artisanat au Taylorisme Créatif : Comment l’IA Industrialise la Production de Contenu

Ne revenons pas dessus : le débat sur l’IA dans la création n’est plus théorique.


Il est devenu violemment opérationnel. 

Cette semaine, une série d’annonces et de cas concrets ont démontré que nous basculons d’une phase d’expérimentation artisanale à une véritable industrialisation des workflows créatifs.

La production de contenu visuel, qu’il soit publicitaire ou 3D, est en train d’être « taylorisée » : décomposée en tâches élémentaires, optimisée et exécutée par des agents spécialisés à une vitesse foudroyante.

Le Cas Qatar Airways : la pub à 35 000 Pieds

Le coup de force marketing de la semaine vient sans conteste de la collaboration entre Qatar Airways, Google et Starlink. Comme l’a rapporté Emmanuel Vivier, deux publicités complètes ont été créées en moins de 48 heures par seulement deux réalisateurs IA, PJ Accetturo et Roberto Nickson.

Le plus spectaculaire est que le cœur de la production a eu lieu durant un vol de 15 heures entre Doha et Atlanta, grâce à la connexion Wi-Fi embarquée de Starlink. Dit autrement, une agence de production a été déployée dans un avion.

Le workflow est l’illustration de cette nouvelle ère de production :

  • Collaboration et Centralisation : Le brief, les storyboards et les photos de référence ont été centralisés dans Figma, servant de hub collaboratif.
  • Génération d’images : Les prompts ont été créés dans Gemini, utilisant probablement Nano Banana pour générer les visuels clés.
  • Animation : Les images finalisées ont été animées avec Veo 3.1, le modèle de génération vidéo de Google.
  • Audio : Les bandes-son ont été générées avec l’IA de Suno.

En résumé, ce n’est pas un seul outil magique, mais une chaîne d’outils (une « toolchain ») orchestrée par une vision créative humaine. Les deux spots produits (Spot 1Spot 2) montrent que le résultat, bien que perfectible, est tout à fait exploitable commercialement. L’impact économique est évident : des coûts et des délais de production drastiquement réduits.

Spot IA

Panasonic : La Campagne à 37 Outils et 10 LoRAs

Si le cas Qatar Airways illustre la vitesse, la campagne de Panasonic Europe pour son nouveau rasoir 900s illustre l’échelle. Pour sa première campagne entièrement générée par IA, rapportée également par Emmanuel Vivier, ce n’est pas un, ni deux, mais 37 outils et modèles d’IA distincts qui ont été mobilisés.

Pour garantir la cohérence visuelle sur plus de 200 assets créés, l’agence Aigency Amsterdam a entraîné 10 LoRAs personnalisés. Un LoRA (Low-Rank Adaptation) est une technique qui permet d’affiner un grand modèle d’image pour qu’il reproduise un style, un personnage ou un produit spécifique avec une grande fidélité. Le pilotage est resté humain, avec une validation à chaque étape, et, point crucial, des consultants japonais ont été intégrés pour garantir l’exactitude culturelle des représentations de samouraïs.

Vidéo Panasonic

Meta Ouvre la Boîte de Pandore 3D en Open-Source

Pendant que la vidéo et l’image 2D s’industrialisent, Meta s’attaque à la prochaine frontière : la 3D. Leo Kadieff a mis en lumière une annonce importante : la publication en open-source de SAM3D et du Momentum Human Rig (MHR).

  • SAM3D est un modèle de reconstruction 3D à partir d’images. Sa performance est remarquable : dans les tests, les reconstructions de SAM3D sont préférées 5 fois sur 1 par rapport aux autres modèles.
  • MHR est un squelette d’animation humaine qui sépare l’armature des tissus mous, facilitant grandement l’animation et l’édition réaliste de personnages.

En clair : Meta livre des outils open-source, utilisables commercialement (sous licence Apache-2 pour MHR), qui permettent à n’importe quel développeur ou studio de s’emparer de technologies de pointe pour la création 3D. C’est une démocratisation massive qui va accélérer l’adoption de la 3D dans le jeu vidéo, la réalité augmentée et la simulation.

Vidéo Meta

Mise en perspective

Ces trois exemples ne sont pas isolés. Ils dessinent les contours d’une nouvelle industrie créative. Le « Prompt Engineer » solitaire dans sa cave est un mythe. La réalité est celle de « workflow designers » et d' »IA orchestrators » qui assemblent des chaînes de production logicielles complexes. La valeur se déplace de la compétence technique (savoir utiliser Photoshop) à la compétence systémique (savoir comment faire collaborer Gemini, Veo et un LoRA personnalisé pour atteindre un objectif créatif).

Les agences et studios ne disparaissent pas — leur rôle évolue. Ils deviennent intégrateurs technologiques, garants de la cohérence et de la qualité, et pilotes stratégiques de la créativité. 

Un bon exemple : Rory Flynn explique que pour une vidéo IA, il a généré plus de 400 images pour n’en garder que 33. Résultat : 95 % du travail, c’est l’imageVoir le post.


Le vrai levier créatif ne réside plus dans la production manuelle, mais dans le choix et le contrôle des inputs. Ceux qui resteront sur le quai seront ceux qui continueront à vendre des heures de fabrication plutôt que de l’expertise et de la direction artistique.


GRAND SUJET 3 : Repenser sa Visibilité Quand Google ne Vous Envoie plus de Trafic

Sujet évoqué toutes les semaines désormais !


Un document interne d’OpenAI, récemment fuité, a révélé qu’une URL affichée plus de 500 000 fois dans les réponses de ChatGPT n’avait généré que 4 670 clics. Soit un taux de clic (CTR) inférieur à 1%


Le constat est sec : la visibilité dans les interfaces conversationnelles ne se traduit pas en trafic. Si les utilisateurs obtiennent leur réponse directement depuis l’IA, pourquoi cliqueraient-ils sur un lien source ? Sauf pour acheter ? Et l’on sait que le shopping arrive dans les chatbots…


Cette réalité signe la fin du modèle économique du SEO traditionnel, basé sur l’acquisition de trafic via le ranking (classement). L’enjeu n’est plus d’attirer des clics, mais d’influencer la synthèse produite par l’IA. 


Bienvenue à l’ère du GEO (Generative Engine Optimization), où l’on n’optimise plus pour les algorithmes de classement, mais pour les algorithmes de synthèse. Et là encore, je vous bassine avec cela depuis des mois.


De plus en plus d’articles sur le sujet. 
Cette semaine, Olivier Duffez s’est exprimé dans le Blog du Modérateur.
Le GEO n’est pas une révolution, mais une extension du SEO. Les bases restent les mêmes : contenu de qualité, autorité, et structure technique solide. Abandonner le SEO classique au profit du GEO serait une erreur.


Mais de nouvelles pratiques apparaissent :
Le fichier llms.txt est inutile : aucun acteur majeur ne l’utilise. Pour Olivier Duffez, « il ne sert à rien, du moins pour l’instant ».
Requêtes « Fan-Out » : les IA décomposent une question en plusieurs sous-questions. Il ne suffit plus de viser un mot-clé, il faut couvrir tout un champ sémantique.
Chunking : chaque page doit être structurée en blocs clairs, chaque bloc répondant à une sous-question. L’IA doit pouvoir isoler facilement l’information pertinente.


La Marque comme Ultime Rempart

Si les clics disparaissent, qu’est-ce qui reste ? La confiance

Et la confiance est incarnée par la marque. Toujours selon Olivier Duffez, le travail du référenceur devient indissociable de celui du marketeur. L’objectif est de renforcer les mentions de marque pour que l’IA la considère comme une source d’autorité. 

Il propose cinq pistes concrètes :

  • Proposer du contenu original (études, données, interviews) pour susciter les citations.
  • Activer RP et influenceurs pour gagner en visibilité, même sans lien direct.
  • Renforcer sa présence sur des plateformes crédibles (Wikipédia, bases pros).
  • Valoriser les avis authentiques sur Google, forums ou sites spécialisés.
  • Soigner sa cohérence E-E-A-T : aligner marque, experts et storytelling partout en ligne.

Mise en perspective

Le modèle économique du marketing de contenu est en pleine mutation. L’objectif n’est plus forcément de générer un lead ou une vente directe via un clic. Il s’agit de devenir LA référence que l’IA cite, recommande ou synthétise. 

La monétisation devient indirecte : elle passe par la notoriété, l’influence sur la décision d’achat en amont, et la confiance accordée par le « sceau » de l’IA.

Cela signifie aussi que les marques qui ont massivement sous-investi dans le contenu de fond, au profit de tactiques SEO court-termistes, vont souffrir. 

À l’inverse, celles qui ont construit une véritable bibliothèque de savoir, une autorité reconnue, et une marque forte, disposent d’un avantage concurrentiel majeur pour cette nouvelle ère.


GRAND SUJET 4 : Souveraineté Numérique : L’Axe Franco-Allemand Passe (Enfin) à l’Action

Alors que les géants technologiques américains et chinois mènent une course effrénée à la suprématie de l’IA, une question lancinante continue de tarauder le Vieux Continent : l’Europe sera-t-elle une simple colonie numérique, ou parviendra-t-elle à exister comme une puissance souveraine ? 

Pendant des années, la réponse semblait pencher dangereusement vers la première option. 

Mais cette semaine, un signal politique fort est venu de Berlin.

Le sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique, qui s’est tenu le mardi 18 novembre, a marqué un tournant. Fini les discours lénifiants et les constats d’impuissance. 

Comme le résume parfaitement Alain Garnier, qui participait à l’événement, le diagnostic est désormais « clair et partagé » au plus haut niveau : « Oui, nous sommes vassalisés. Oui, nous avons les capacités. Et oui, c’est vital d’agir maintenant. »

Un Diagnostic Partagé et Cinq Priorités Stratégiques

De ce constat est née une feuille de route en cinq points, qui pourrait bien constituer l’épine dorsale de la politique numérique européenne pour les années à venir.

Ces priorités, résumées par Alain Garnier , sont pragmatiques :

  • Alléger la régulation : arrêter de sur-réglementer avant même d’avoir des leaders, et remettre l’innovation au cœur des priorités.
  • Investir massivement : orienter l’épargne et les fonds vers les acteurs tech européens pour leur permettre de rivaliser en capital.
  • Privilégier l’achat européen : faire des administrations les premiers clients des solutions locales via les marchés publics.
  • Rétablir une concurrence saine : contrer les positions dominantes, en particulier celles des géants américains du cloud.
  • Sécuriser l’espace numérique : unifier les règles de protection (données, mineurs, vérification d’âge) pour un internet européen plus sûr.

ESTIA : l’ambition devient concrète

Le sommet a marqué une avancée tangible avec la création de l’ESTIA (European Sovereign Tech Industry Alliance). Cette alliance réunit des géants comme Airbus, Dassault, Orange ou OVHCloud, avec sept autres entreprises.

C’est une première : un écosystème industriel crédible, soutenu politiquement, se structure pour proposer une offre technologique souveraine européenne — une étape clé face aux solutions américaines et chinoises.

Intéressant à ce titre de voir ici le cas ASML (🇳🇱) qui illustre aussi la fragilité des chaînes technologiques. Cette entreprise néerlandaise détient un quasi-monopole sur les machines de lithographie des puces indispensables aux semi-conducteurs avancés. Un point de défaillance unique qui pourrait paralyser tout l’écosystème numérique mondial. 

J’ai bien ri (jaune) à ce schéma :

Schéma ASML

Guerre Cognitive

L’expression est lâchée…
Emmanuel Macron a qualifié TikTok d’ « instrument de guerre cognitive« , accusant la Chine de proposer une version « abrutissante » aux Occidentaux. Cette rhétorique forte accompagne probablement des mesures réglementaires à venir.

Mise en perspective

Le chemin reste difficile. Comme le dit Alain Garnier : « En France, on parle. En Allemagne, ils avancent. » L’enjeu sera l’exécution, notamment la définition claire d’une « entreprise européenne » pour orienter les achats publics.

Mais un cap est franchi. 

Il y a cinq ans, une telle convergence franco-allemande sur le numérique semblait impensable. Aujourd’hui, face à l’IA et à la concentration du pouvoir technologique, l’Europe comprend que sa souveraineté passe par la maîtrise de ses infrastructures et modèles numériques.


BREVES, TIPS & SIGNAUX FAIBLES DE LA SEMAINE

Adobe rachète Semrush

Adobe va acquérir Semrush pour 1,9 milliard de dollars afin de renforcer son offre marketing dans l’IA et la visibilité web. Une réponse directe à l’intégration verticale des outils d’activation et de mesure. Et bien sûr on imagine bien que la surveillance de la citation des marques dans les chatbots (GEO cf. 👆) est dans les tuyaux…
Sources :

Deadbots : les morts n’ont pas dit leur dernier mot

Les « deadbots », chatbots simulant des personnes décédées, posent un vide juridique en France : les familles ne peuvent quasiment pas s’y opposer. Un risque de dérive commerciale et éthique.
Source : Betty Jeulin

Uber et la seconde vie des données

Uber transforme ses chauffeurs en producteurs de données pour l’IA (audio, photos, langues), rémunérés à la tâche sur leur temps mort. Ce nouveau modèle repose sur une transaction explicite, à rebours du Web 2.0 où les données étaient captées gratuitement. Une évolution qui pose d’importantes questions éthiques.
🔗 Tribune – Martin Pavanello

AI Act : trop complexe pour être appliqué ?

Face à la complexité du règlement européen (150 pages, 113 articles), des outils de vulgarisation se multiplient.
Source : Muriel Glatin

IA Act

Meta conserve ses armes

La justice américaine a rejeté la plainte antitrust de la FTC : Meta garde Instagram et WhatsApp, la domination n’a pas été juridiquement établie.
Source : Reuters – « US judge dismisses FTC’s Meta monopoly case »

ElevenLabs s’attaque à l’image

La startup audio ElevenLabs intègre des outils comme Veo et Sora, élargissant son offre au multimodal. Objectif : devenir une plateforme IA complète. Ils ont intégré il y a quinze jours la possibilité d’utiliser des voix de personnes publiques connues (en droits gérés)
Source : ElevenLabs Blog – « Multimodal AI launch »

Prompt engineering : les bonnes pratiques

Structurer ses prompts, personnaliser son ChatGPT, sécuriser ses modèles : trois tendances convergent. Benoît Raphaël recommande une approche claire (QUOI / POURQUOI / COMMENT), Ruben Hassid livre 50 tips concrets (comme créer un chat par projet ou critiquer les réponses), et David Bonnamour rappelle qu’activer l’historique et les instructions personnalisées permet à ChatGPT d’apprendre vos usages — comme un Tamagotchi intelligent. Côté transparence, xAI a publié les prompts système de Grok 4 et 4.1, une base utile pour renforcer la sécurité de ses propres agents.

Apple transforme chaque app en super-app potentielle

Avec son nouveau programme « Mini Apps Partner », Apple autorise l’intégration de mini-apps HTML/JS dans des apps natives. Les développeurs y gagnent jusqu’à 85 % de revenus sur les achats intégrés. Une révolution silencieuse : plus besoin de créer sa propre app, il suffit de s’insérer dans une app existante pour distribuer et monétiser.
Source : LinkedIn Greg Isenberg – « Apple just quietly announced something that… »

La voix s’impose

Kévin Kuipers (Gamekult, SensCritique) utilise Wispr Flow, une app de dictée boostée par Whisper (OpenAI). Résultat : plus de fluidité, même pour coder ou écrire.
Sources :


📆 Cette semaine chez RnD

Intervention à la Délégation à l'information et à la communication de la Défense
  • Autre intervention mardi, cette fois ci avec les MBAs de l’EDHEC Executive Education
    Une journée de cours sur un sujet sensible : Piloter sa présence digitale à l’ère de l’IA.
  • Et enfin, last but not least, nous sommes très honorés d’avoir remporté une compétition pour Médiamétrie sur un sujet de grande importance. Merci sincèrement à toute l’équipe pour leur confiance. A suivre…
Logo Médiamétrie

☕ Un café en vrai ?

Vous voulez comprendre comment les agents IA vont redessiner nos parcours digitaux et ce que cela implique pour vos offres ?

Vous vous demandez comment rester visible à l’ère des réponses générées par l’IA, quand le SEO se transforme en AIO ?

Vous cherchez à réduire l’écart d’adoption de l’IA dans vos équipes et à transformer l’expérimentation en performance réelle ?

Autant de sujets qu’on adore explorer chez RnD. 

Alors, pourquoi ne pas en parler autour d’un café (virtuel ou réel) ?

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