RnD Café ☕️ – #390
NOUVELLE RELATION CLIENT RESPONSABLE ET DURABLE…DEMANDEZ LE PROGRAMME !
Bonjour à toutes et à tous.
Ce qui n’était encore qu’une intuition il y a quelques mois devient chaque semaine plus tangible : assistants, agents, protocoles… tout converge.
Et l’expérience client va être redessinée bien plus vite qu’on ne le croit.
Côté régulation, l’Europe commence à distribuer des amendes, mais sans vraiment chercher à froisser la Maison Blanche, sur fond de tensions commerciales.
Les grands perdants ? Nos données personnelles.
Et toujours, un flot continu de nouveautés du côté des outils…
Allez, c’est parti !
Assistants, Agents et Interfaces : mutation des interactions
Ce n’est plus une projection ; c’est désormais une réelle certitude. Les agents intelligents vont devenir de véritables relais entre utilisateurs et services, transformant en profondeur l’expérience numérique.
Quand ? Dès les prochains mois.
Trois démos cette semaine permettent de mieux appréhender la révolution des assistants :
- Google : un nouvel agent conversationnel impressionne par sa capacité à identifier des plantes via vidéo, recommander des produits, modifier des paniers d’achat, planifier des services ou encore négocier des réductions — tout en maintenant le contexte de la conversation. Alex Banks s’enthousiasme : « Google’s new AI Agent demo just blew me away. This is the future of customer service. ».
Regardez. Cela dure 4′ mais vous comprendrez très vite où l’on va…

- Perplexity a déployé cette semaine un assistant vocal multimodal capable de gérer des actions en temps réel (navigation, réservation, recherche locale). La démo de Mathieu Crucq vaut le détour.

- ElevenLabs (l’un des leaders de la voix) facilite également le transfert d’informations entre deux agents conversationnels IA spécialisés. Exemple ici…
Il y a également fort à parier que ces assistants/agents prendront un visage humain.
Argil (🇫🇷)propose déjà la création d’avatars IA personnalisés pour des vidéos marketing capables d’embarquer vos produits dans le résultat final.

Pour rendre ces écosystèmes viables, les agents devront collaborer entre eux : c’est l’objectif des protocoles MCP et A2A, évoqués ces dernières semaines. Google a d’ailleurs annoncé rejoindre le protocole d’Anthropic pour faciliter ces communications (source). Clairement un signal que ce protocole va devenir la norme.
En parallèle, OpenAI a dévoilé une API de génération d’images interopérable, permettant d’intégrer directement du contenu visuel dans d’autres solutions. Nate Herkelman résume : « We’ve officially entered a new era of content creation — where AI doesn’t just write your posts, it designs them too. ». Nous commençons déjà à intégrer cette fonction dans des outils de génération automatisée de visuels.

L’adoption de l’IA et de l’automatisation s’accélère. Les contraintes budgétaires actuelles sont d’ailleurs l’un des moteurs (selon nos observations).
Om Nalinde prévoit que chaque workflow intégrera un agent IA d’ici fin 2025, qu’il s’agisse de RAG (interface avec votre base de données de connaissances), codage, vocal ou autre. Exemples ici.
HITL : le nouvel acronyme à surtout garder bien en tête.
Manthan Patel souligne néanmoins l’importance de choisir entre supervision humaine (Human-in-the-Loop) et autonomie complète, selon les niveaux de risque acceptés.

Une des conséquences : pour la première fois en dix ans, les bots représentent plus de 51 % du trafic web, dont une part importante est malveillante.
Sylvain Montmory alerte sur la distorsion des statistiques marketing et conseille : « Avant d’investir en conseil ou en trafic, demandez-vous : combien de vos visiteurs ont encore des pouces ? »…
En parallèle, l’IA continue de progresser vite.
Le modèle O3 d’OpenAI atteindrait un QI de 136, se rapprochant du niveau d’Einstein, contre 128 pour Gemini 2.5 de Google il y a seulement quelques semaines.
Michel Levy Provençal rappelle : « Ne nous trompons pas. L’évolution est fulgurante. »

REGULATION
- Sanctions de l’UE contre Apple et Meta : L’Union Européenne inflige 700 millions d’euros d’amende aux deux géants pour non-respect du Digital Markets Act (DMA). Bien que modérées (cf. infra), ces sanctions marquent la première application du texte. Apple et Meta ont 60 jours pour se conformer, sous peine de nouvelles pénalités, et dénoncent une mesure discriminatoire. Source.
- Google sanctionné dans la pub en ligne : Un juge fédéral américain estime que Google a monopolisé illégalement certains marchés publicitaires. Un nouveau revers juridique pour l’entreprise, qui a annoncé vouloir faire appel. Source.
- Consentement des données chez Meta : Meta prévoit d’utiliser les contenus publiés sur Facebook et Instagram pour entraîner ses IA. Les utilisateurs peuvent s’y opposer avant le 27 mai, mais la procédure est critiquée comme étant volontairement complexe et dissuasive. Doux euphémisme… 🤬 (lire la note de Muriel plus bas).
- OpenAI viserait Google Chrome : Des rumeurs évoquent une possible acquisition de Chrome par OpenAI. Avec 70 % de parts de marché, cela permettrait à OpenAI de redéfinir la manière de naviguer, lire et chercher sur le web, posant une menace directe à Google Search et soulevant la question d’un démantèlement futur. Source.
RECHERCHE
Google accélère l’intégration de l’IA dans ses produits. Le déploiement des AI Overviews — ces résumés synthétiques affichés au-dessus des résultats — touche déjà 1,5 milliard d’utilisateurs.
Ces Overviews modifient en profondeur les habitudes de recherche : requêtes plus longues, nuancées, plus précises, notamment chez les plus jeunes.
Elizabeth Reid (Google Search) précise que l’approche privilégie la factualité plutôt que la créativité, contrairement aux chatbots.
Résultat : des clics mieux ciblés, plus de temps passé sur les sites, et des précautions renforcées sur les sujets sensibles (santé, finance).
La recherche restera gratuite, avec des pubs contextuelles, mais Google envisage des options premium. Sa vision : une recherche multimodale et personnalisée, mêlant texte, voix et images — simple, intuitive, sans effort. Vu chez Mathieu Crucq.
OUTILS
Toujours beaucoup d’annonces cette semaine. J’en retiens trois.
- Firefly V4 change la donne chez Adobe. C’était la grand messe Adobe à Londres cette semaine. Firefly V4 devient le moteur IA d’Adobe avec l’ouverture à des modèles externes (GPT-4o, Imagen 3) mais transforme aussi les workflows dans Photoshop et Illustrator, en automatisant des tâches complexes. Exemples ici.

- Runway Gen 4 redéfinit la production vidéo : plus de contrôle créatif, des itérations rapides, un vrai atout pour les équipes marketing et les studios. La vidéo du CEO laisse entrevoir les capacités d’édition que ces outils vont offrir.
Ce qui était encore une faiblesse majeure de l’IA générative – modifier un simple détail – devient chaque jour plus accessible, quels que soient les outils. Ce qui paraissait impossible il y a encore quelques mois devient progressivement la norme.
- Midjourney s’équipe d’un éditeur. Encore la même idée : simplifier l’édition. La création visuelle gagne en précision avec support des calques (coucou photoshop) et outils de sélection intelligents.
RSE
L’IA générative est déjà un vrai sujet RSE.
Le travail de veille partagé cette semaine par Ghislain Labay, structuré autour des trois piliers du développement durable et nourri de données récentes (2023-2025), montre à quel point ses impacts systémiques – positifs comme négatifs – méritent d’être analysés sérieusement.
Si l’on parle beaucoup de gains de productivité ou de créativité, la question écologique revient de plus en plus, et c’est tant mieux, notamment lors des formations où nous intervenons, où elle suscite de nombreuses interrogations.
Et pour cause : les travaux sont nombreux, parfois antagonistes – entre ceux qui alertent sur la consommation d’eau et d’énergie des modèles génératifs, et ceux qui mettent en avant les économies de ressources par rapport aux méthodes traditionnelles.
Le débat sur l’empreinte énergétique s’intensifie. Récemment, Eric Schmidt, ancien PDG de Google, a tiré la sonnette d’alarme devant le Congrès américain, affirmant que l’IA superintelligente pourrait consommer jusqu’à 99 % de l’électricité mondiale, appelant à produire de l’énergie en urgence, quelle qu’en soit la source (source).
Dans ce contexte, la synthèse de Labay – près de 70 slides, visuelle et sourcée – constitue une cartographie précieuse : elle structure le débat, recense les principales sources, et fournit des repères utiles à tous ceux qui souhaitent intégrer la durabilité dans leurs choix technologiques. L’IA générative n’est plus simplement un sujet d’innovation : elle est déjà au cœur des stratégies RSE.
Pour avancer vers une IA plus responsable, plusieurs pistes d’action concrètes émergent :
- Accroître la transparence : divulguer l’impact environnemental des modèles et adopter des standards communs.
- Innover pour l’efficacité énergétique : concevoir des algorithmes moins énergivores et favoriser le développement de matériel bas-carbone.
- Verdir l’énergie : alimenter les data centers avec des énergies renouvelables.
- Encadrer les risques sociaux : mettre en place des cadres éthiques et réglementaires adaptés.
- Former et sensibiliser : développer les compétences professionnelles et renforcer l’information du grand public.
- Impliquer toutes les parties prenantes : assurer une gouvernance de l’IA inclusive et participative.
Relire l’article de Benoit Raphaël d’il y a un an : Comment calculer (vraiment) l’impact carbone de ChatGPT ?

À nous tous d’aborder ces sujets dès l’amont des projets, comme une composante entière de nos stratégies et de nos responsabilités.
Mois de mai oblige, RnD Café va probablement se mettre en mode « aqueduc ». Prochain numéro, le samedi 17 mai (je n’ose pas imaginer la somme de news à compiler).
En attendant, passez un très bon week-end.

💬 PAROLE D’EXPERT
COMPLIANCE (DPO, RGPD, RIAct…)
Notre rubrique bimensuelle pour décrypter les textes clés (RGPD, IA Act, DSA…) et leur impact sur vos activités MARTECH-ADTECH-IA. Des infos ciblées pour mieux comprendre vos obligations, sans remplacer votre DPO préféré(e) !
Cinq infos clés de la semaine pour les équipes Data & Digital
- Vous pratiquez les outils de rejeu de session (*) pour analyser les parcours de navigation d’un site web ou d’une application mobile ?
La CNIL lance une concertation auprès des utilisateurs et des fournisseurs de ce type de dispositif de plus en plus utilisés. En permettant un suivi des comportements des visiteurs particulièrement poussés, ils peuvent entraîner des risques élevés pour les droits et libertés des internautes. C’est pour cette raison que la Commission ouvre une concertation auprès des utilisateurs et fournisseurs de solution de rejeu qui doit permettre de livrer des recommandations pratiques. Le 1er atelier est fixé le 30 avril dans les locaux de la CNIL.
Si vous êtes concernés et souhaitez contribuer à la concertation, vous pouvez me contacter afin de vous mettre en relation avec le groupe de travail monté par l’AFCDP pour l’exercice.
(*)Le rejeu de cession, c’est l’obligation pour une entreprise de redemander le consentement de l’utilisateur lorsqu’elle veut réutiliser ses données personnelles dans un nouveau contexte ou pour un nouvel usage non prévu initialement. - Vous utilisez les technologies Blockchain ?
Le CEPD, qui est le Comité européen de la protection des données, vient de publier un projet de lignes directrices pour les organisations souhaitant intégrer ce type de dispositif. Dans ce projet, le Comité revient sur les différentes technologies, leur fonctionnement, l’implication matière de traitement de données, le rôle RGPD des partie prenantes, la question de la gestion des droits des personnes, la mise en œuvre du principe de minimisation… Un texte de 25 pages disponible en anglais et soumis à consultation jusqu’au 9 juin.
- Vous vous demandez combien peut coûter une mauvaise gestion des consentements cookies (et le bénéfice à investir dans une bonne CMP) ?
Pour Shein, le e-commerçant chinois qui affiche des records de visites et de ventes, le non-respect de la réglementation en matière de cookies pourrait se traduire par sanction de 150M€.
Les contrôles remontent à 2023. Ils avaient alors révélé que des cookies étaient déposés sur le terminal des visiteurs, dès leur arrivée sur le site, avant même d’avoir enregistré leur choix cookies. Pire, le refus de la part de ces visiteurs n’était pas pris en compte : des cookies soumis à consentement étaient, malgré leur refus, déposés ! Nous attendons la décision finale de la Formation restreinte de la CNIL.
- Vous vous interrogez sur la façon de gérer au mieux les risques privacy des modèles LLM ? Le CEPD vient de publier un rapport d’experts pour éclairer la question des risques de ce type de modèle en matière protection des données. Ce rapport (de 102 pages ! 😱) propose une méthodologie complète pour identifier, évaluer et atténuer systématiquement les risques liés à la confidentialité et à la protection des données.
À disposition avec ceux qui souhaitent échanger sur le point !
- Et vous, vous êtes d’accord pour que Meta utilise vos données pour entraîner ses IA ? C’est l’annonce que vous avez dû recevoir si vous êtes utilisateur des produits Facebook et Instagram. Pour ce traitement sur données personnelles, META retient l’intérêt légitime comme base légale pour ce traitement.
Il y a 1 an, et suite aux réserves émises par les Autorités européennes, Meta s’est engagé auprès du DPC (la CNIL irlandaise dont elle dépend) à ne pas traiter les données des utilisateurs de l’UE/EEE pour des « techniques d’intelligence artificielle » non définies. Auparavant, Meta soutenait qu’elle avait un « intérêt légitime » à le faire, en informant seulement (certains) utilisateurs du changement et en permettant simplement un « opt-out » (trompeur et compliqué).
Attendons de voir les réactions des organisations et autorités européennes face à ce nouveau changement de position…

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